Les banques tunisiennes ont réussi à instaurer, peu à peu, des pratiques des prélèvements de tous genres : des frais de tenue de compte, des commissions de retrait, des frais de dossiers, etc. La liste est longue et elle échappe à tout contrôle. Des commissions et des frais qui sont jugés par les citoyens comme étant exagérés, abusifs, et souvent non justifiés.
1/ Le Tunisien, une vache à lait !
L’absence d’une forte association des consommateurs leur avait facilité sans doute la tâche. Le lobby bancaire en Tunisie est très fort; il a toujours réussi à imposer sa volonté aux législateurs et aux dirigeants politiques. Au lieu d’assurer leur fonction première à savoir, le financement de l’économie; les établissements de crédits tunisiens ont, au contraire, développé des procédures de retenues hors contrôle. A titre d’exemples :
– Des frais de tenue de compte en moyenne 120 dinars par ans. En France, généralement c’est gratuit et dans le pire des cas 24 euros par an.
– Une retenue de 1,5 dinars par paiement par chèque, Gratuit en France.
– Une commission de 1,5 dinars par retrait par carte bancaire en dehors des distributeurs appartenant à la banque détenant le compte. Généralement c’est gratuit dans l’hexagone ; dans certains cas les retraits sont limités à un certain nombre avant qu’ils soient facturés 1 euro par retrait.
– Une commission de 1,5 dinars pour les retraits en espèce en guichet de l’agence qui détient le compte. Cette somme est de 5 dinars quand il s’agit d’un retrait d’une autre agence.
– Un abonnement de 3,5 dinars par mois pour pouvoir consulter le compte par internet. Encore un service gratuit en France ; les banques encouragent même leurs clients d’effectuer via le Net leurs virements en toute indépendance.
– Etc.
Ainsi, en Tunisie on paye pour disposer de notre propre argent ! Pourquoi paye-t-on alors nos cartes bancaires ?
2/ Les transferts internationaux, une occasion pour se gaver !
Dans le cadre des transferts internationaux des devises c’est encore pire. Les banques tunisiennes se sucrent 8 fois plus que les banques françaises ; alors qu’il s’agit d’une simple écriture comptable dont le coût est presque nul. A titre d’illustration :
Pour un transfert de la BNP Paribas à sa filiale l’UBCI, la banque française facture une somme forfaitaire de 8 euros ; si l’opération est effectuée par l’intéressé lui-même via le Net la commission est seulement de 3 euros. En revanche, l’UBCI applique un taux qui varie en fonction de la somme : avec un minimum de 18 dinars et un maximum de 400 dinars. Idem pour la Société Générale alors que sa filiale l’UIB “se sucre” de la même manière que sa consœur tunisienne.
Aussi, il convient de préciser que les banques françaises prélèvent généralement une commission forfaitaire de 1% de la somme transférée lorsqu’il s’agit d’une opération de transfert international en dehors de leurs filiales locales.
Ainsi, on constate les terribles écarts au niveau des commissions et des frais bancaires entre les banques françaises et les établissements tunisiens. Ces pratiques expliquent, en large partie, le faible taux de bancarisation en Tunisie et la tentation des citoyens dans le cadre des transferts internationaux de recourir aux circuits parallèles. Le développement de notre pays passe inéluctablement par la modernisation et le contrôle des pratiques bancaires.
Ezzeddine BEN HAMIDA