A la date du 22/04/2020, le ministre de la santé Mr Abdeltif El Makki s’est rendu à El Hrairya à Tunis avec son équipe. Ils ont commencé à utiliser les tests rapides pour un dépistage de la population de cette région.
Le test rapide est un test immunochromatographique qui permet de détecter la production d’anticorps de type IgM et IgG. Un test rapide positif n’affirme pas le diagnostic de COVID-19 ni la présence du virus, un test rapide positif veut seulement dire que la personne testée a été en contact au moins dans les 7 à 15 derniers jours avec le virus.
Le test de référence recommandé par l’Organisation Mondiale de la santé est la RT-PCR SARS-CoV-2. L’OMS appelle à la prudence lors de l’utilisation des tests rapides qui doivent être évalués et utilisés pour la recherche et non pas pour faire le diagnostic du COVID-19 et ceci pour plusieurs raisons :
• Ces tests ont une sensibilité aléatoire qui varie de 34 à 80% dont la moyenne est bien inférieure à la sensibilité de la PCR (environ 70%)
• Les anticorps recherchés par ces tests ne sont pas retrouvés pendant la phase d’incubation de l’infection et apparaissent avec l’apparition des symptômes (pendant la première semaine pour les IgM et pendant la deuxième semaine pour les IgG), ce qui rend ces tests inappropriés pour un dépistage de masse des personnes asymptomatiques contrairement à la PCR qui peut revenir positive dès 48h après la contamination par le SARS-Co-V-2 et avant même l’apparition des symptômes.
• Chez certains patients ayant une infection par le SARS-Co-V-2 confirmée par RT-PCR, la production d’anticorps peut être tardive, faible ou même absente. En effet, la réponse anticorps dépend de plusieurs facteurs entre autres l’âge, le statut nutritionnel, la sévérité de la maladie, la présence d’une immunodépression secondaire par exemple à des infections comme le VIH ou à la prise de médicaments immunosuppresseurs.
• Pour ce genre de tests, il peut y avoir des faux positifs secondaires à des réactions croisées si la personne testée présente des anticorps pour d’autres coronavirus. Mais aussi pour les tests rapides du COVID-19, un nombre important de faux négatifs a été rapporté. Ce taux important implique qu’un bon nombre de malades ne sera pas détecté.
• Au final, hormis l’opération de communication du ministre de la santé, jusqu’à présent aucune stratégie d’utilisation n’a été annoncée pour ces tests.
Pour toutes ces raisons, les tests rapides COVID-19 utilisés hier par l’équipe de Mr El Makki à el Hrairya ne sont pas adaptés pour le dépistage de masse. Ils doivent d’abord être évalués en les comparant au Gold Standard qu’est la RT-PCR. Une fois validés, ils ne peuvent être indiqués que pour des patients symptomatiques qui se présenteraient dans les structures de soin comme aide au diagnostic en attendant de confirmer ou d’infirmer le résultat dans les laboratoires de virologie par RT-PCR.
Cellule de la recherche scientifique du Parti des Travailleurs
Références :
1. https://www.who.int/news-room/commentaries/detail/advice-on-the-use-of-point-of-care-immunodiagnostic-tests-for-covid-19
2. https://www.who.int/publications-detail/laboratory-testing-for-2019-novel-coronavirus-in-suspected-human-cases-20200117
3. https://genes4you.it/wp-content/uploads/2020/04/SARS-CoV-2-Antibody-Test_Lepu-Medical.pdf
4. https://www.lci.fr/sante/certains-tests-serologiques-ont-40-de-faux-negatifs-pourquoi-sont-ils-si-peu-fiables-coronavirus-covid-19-2151543.html