Depuis la fin de l’année de 2020, la pandémie mondiale de la COVID-19 a connu une nouvelle tournure avec l’apparition des variants. L’Angleterre, l’Afrique du Sud, l’Inde… tout ces pays ont leurs noms sur des variants. Plus qu’une simple mutation, cette variation du code génétique du virus peut avoir des conséquences graves, et elle reflète dénonce surtout une incapacité des décisions politiques à contenir l’épidémie.
Qu’est qu’un variant viral ?
Pour répondre à cette question, il faut comprendre le mécanisme des réplications virale. En effet, les virus se répliquent et ne se reproduisent pas. Le virus n’est pas organisme vivant. C’est une association de molécules biologiques dont des molécules porteuses de l’information génétiques. De ce fait, les virus n’ont pas la machinerie moléculaire nécessaire pour reproduire cette information génétique. Ils ont donc besoin de « parasiter » un organisme hôte pour le faire. Dans le cas du SARS-CoV 2, virus responsable de la COVID-19, l’hôte est le corps humain (même si dans certains cas ce virus a pu infecter d’autres organismes). Pour assurer « sa survie », l’infection est une étape clé pour chaque virus. Lors de l’infection, le virus parasite donc les cellules humaines, intègre leur matériel génétique et utilise sa machinerie pour se répliquer et « fabriquer » la machinerie indispensable, pour assurer une nouvelle infection.
Au cours de ce processus, il y a des modifications du matériel génétique. Ces modifications sont appelées des mutations et le « nouveau » virus est appelé variant. Si le nouveau variant a un « comportement » différent on parle alors d’une nouvelle souche virale. Ces mutations sont le fruit du hasard, et la plupart du temps, elles n’ont pas d’effet notable, elles peuvent même être délétères pour le virus. Mais rarement elles confèrent un avantage sélectif au virus. Il peut ainsi être plus « dangereux » (plus infectieux, plus virulent, moins détectable, plus résistant au traitement, et aux vaccins…). Plus le virus se propage plus la probabilité d’apparition de variants dangereux augmente. De ce fait, les pays qui ont failli dans leurs politiques de lutte représentent un terrain favorable pour l’émergence de variants plus virulents. L’exemple de l’inde est le plus illustratif de cet échec. En Février, le premier ministre indien annonça que l’Inde avait vaincu l’épidémie. Depuis, il y’a eu un relâchement général. Des événements de masse étaient autorisés. Le résultat est perceptible maintenant. L’inde connait une vague de COVID particulièrement meurtrière et le système de santé est submergé. Cette vague serait causée par un nouveau variant. Ce variant est très surveillé par les experts car il pourrait être moins sensible au vaccin. Selon France 24, une étude préliminaire sur un vaccin local a confirmé cette crainte. Mais reste à vérifier pour les autres vaccins.
Qu’en est-il de la Tunisie ?
En Tunisie aussi la question des variants, inquiète. En effet actuellement la Tunisie fait face à une troisième vague extrêmement virulente avec en moyenne 80 décès journaliers enregistrés lors de la dernière semaine. Les services COVID et de réanimation sont submergés. Le personnel soignant est en grève à cause des conditions de travail lamentables. Notre système de santé, déjà faible à cause de plusieurs décennies de mauvaise gestion, est au bord de l’effondrement. Cette troisième vague est essentiellement causée par le variant Anglais. C’est un variant importé. Comme son nom l’indique, Il a été détecté la première fois en Angleterre. Il est connu pour être plus transmissible et un peu plus meurtrier que la souche chinoise du virus. Pour l’instant, tous les fabricants de vaccins assurent que leurs produits sont efficaces contre ce variant. Le fait notable ici c’est qu’il s’agit d’un variant importé. Après le premier confinement, le gouvernement Fakhfekh a réouvert les frontières et a assoupli les mesures d’entrée en Tunisie malgré l’instabilité de la situation épidémique mondiale. Depuis, le gouvernement actuel n’a pas réussi à instaurer des mesures pour rendre les frontières hermétiques. Entre son incapacité à offrir des lieux de quarantaines décents et gratuits pour les tunisiens revenants de l’étranger, les passe-droits offerts aux tours opérateurs et surtout son incapacité d’attester de l’authenticité des testes PCR, le pays est devenu une passoire pour les porteurs du virus.
Ces derniers jours, nous avons assisté à une annonce curieuse du ministre de la santé. En effet le ministre de la santé à révélé le 27 avril la découverte d’un nouveau variant, sans donner plus de détail. Cette déclaration passée aux oubliettes, dénonce aussi la faillite de la politique sanitaire du gouvernement. En effet la stratégie gouvernementale n’a pu contenir l’épidémie. Au contraire, elle a été marquée par l’amateurisme, l’improvisation et le manque de préparation, et parsemée par des épisodes larmoyants visant à faire le buzz. A tire d’exemple, l’obligation du port du masque n’a pas été accompagnée par leur mise à disposition gratuitement. Pour les classes populaires, faisant déjà face à une inflation sans précédent et une augmentation continue des taxes, un nouveau poste de dépense a été rajouté. Les mesures de confinements et de couvre-feu n’ont pas été accompagnées par des mesures sociales efficaces. Les classes populaires étaient devant deux choix possibles mourir de faim ou mourir du virus. Le choix a été vite fait et l’insurrection des quartiers populaires a été la preuve de la faillite de cette politique tantôt utopiste, tantôt répressive. Le gouvernement n’est pas le seul à blâmer dans cette cacophonie, toutes les instances du pouvoir sont complices. La présidence de la république, dont la sécurité nationale est la prérogative, à part la signature de quelques décrets de couvre-feu, n’a pris aucune initiative notable et n’a même pas daigné d’appeler à un conseil de sécurité depuis le 25 Janvier. Le parlement qui devrait superviser le travail gouvernemental durant la crise ou même proposer des lois qui aideraient à vaincre l’épidémie, est plus occupé par les chamailleries internes. Pourtant des projets de lois comme la taxation du capital pour participer à l’effort national, la nationalisation de certaines industries (pharmaceutiques, parapharmaceutiques, fabrication de gels hydroalcooliques) sont indispensables dans notre bataille contre le virus. Le risque pris par la classe dirigeante est grand car outre l’effondrement de notre système de santé par l’afflux important de malades, il y a un risque réel de rendre le vaccin et les protocoles de soins inefficaces et donc de faire perdurer la crise. Ce qui aura sans aucun doute un impact désastreux sur la situation socio-économique du pays.
La cellule de Recherche du Parti des Travailleurs
Walid BEDHIAFI